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Températures dans les bâtiments : entre confort, santé et réglementation

La gestion des températures dans les bâtiments ne se limite pas au respect des exigences réglementaires. Elle constitue un levier essentiel pour assurer un environnement de travail sain, sûr et productif. La température sur le lieu de travail influence directement le bien-être des occupants, leur efficacité, ainsi que leur sécurité. Même si le Code du travail ne définit pas de seuils de température précis applicables à toutes les situations, l’employeur reste soumis à une obligation générale de sécurité (article L.4121-1 du Code du travail) qui l’engage à évaluer les risques et à mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale des salariés — y compris la régulation des ambiances thermiques.

Des températures trop basses ou trop élevées peuvent provoquer une baisse significative de la concentration, de la vigilance et de la productivité, mais aussi exposer les travailleurs à des risques médicaux graves tels que l’hypothermie, le coup de chaleur ou certains troubles musculosquelettiques. Dans ce contexte, il est impératif pour les employeurs d’identifier les situations à risque, de mettre en place des moyens de prévention adaptés, et de garantir des conditions de travail compatibles avec la santé des collaborateurs. Le non-respect de ces obligations peut engager la responsabilité de l’entreprise, notamment en cas d’accident du travail lié à des températures inappropriées.

Les points clés à retenir
  • Température de confort recommandée : En été, entre 26 °C et 28 °C ; en hiver, entre 19 °C et 21 °C selon les normes françaises.  
  • Température minimale légale : La loi française impose une température minimale de 18 °C dans les logements.
  • Pas de température maximale légale généralisée : Il n’existe pas de seuil légal maximal pour les logements, mais des recommandations sanitaires sont émises en cas de canicule (> 30 °C à l’intérieur).
  • Pour les lieux de travail : Aucun seuil maximal obligatoire, mais l’employeur doit garantir la sécurité et la santé des salariés (Code du travail – articles R4222-1 à R4222-2).
  • Tous les types de locaux sont concernés : habitations, bureaux, établissements recevant du public, bâtiments hospitaliers, établissements scolaires, locaux industriels ou commerciaux, etc.

I - La régulation des températures dans les bâtiments : un cadre juridique structuré

1. Un champ d’application étendu

En vertu de l’article R.241-26 du Code de l’énergie, la limitation de température concerne les locaux à usage d’habitation, d’enseignement, de bureaux ou recevant du public. Les articles R.241-28 et R.241-29 du même code complète cette liste avec les locaux à usage administratif, scientifique, sportif, artisanal, industriel, commercial ou agricole, les logements, les locaux et les établissements où sont donnés des soins médicaux à des personnes non hospitalisées, les établissements hospitaliers et les logements, locaux et établissements où sont logés ou hébergés des personnes âgées ou des enfants en bas âge

Plus largement, la régulation de la température concerne tous les locaux, qu’ils soient fermés ou ouverts, en intérieur (comme les maisons, les bureaux ou les ateliers) ou en extérieur (tels que les chantiers ou les interventions sur la voie publique).

L’article R.4225-1 du Code du travail précise que les locaux doivent être aménagés de manière à permettre une température adaptée au bien-être des salariés pendant leur temps de travail. Cette réglementation vise à protéger tous les travailleurs, quel que soit leur secteur d’activité.

2. Températures réglementées selon les périodes  

Afin de réduire la consommation d’énergie liée au chauffage et à la climatisation dans les bâtiments collectifs et de garantir le confort thermique des occupants, la réglementation fixe des températures maximales à ne pas dépasser dans les bâtiments résidentiels et tertiaires. En période de chauffe,  pendant les périodes d’occupation permanente, l’article R.241-26 du code de l’énergie fixe la température moyenne de chauffage à 19°C dans la plupart des locaux exceptés quelques-uns.  

Depuis 2001, la température mesurée au centre de chaque pièce d’un bâtiment doit pouvoir être maintenue à 18°C minimum au sens de l’article R.171-11 du code de la construction et de l’habitation. Ce ne sont que des moyennes. La température peut varier le jour et la nuit ou pendant les périodes d’absence.

Ainsi, pendant les périodes d’inoccupation, l’article R.241-27 du code de l’énergie prévoit pour les locaux une limite de température moyenne de chauffage de :

  • 16°C pour les locaux inoccupés durant une période égale ou supérieure à 24 heures mais inférieure à 48 heures
  • 8°C pour les locaux inoccupés durant une période égale ou supérieure à 48 heures.

Quant à la climatisation, depuis le 1er juillet 2007, l’utilisation des systèmes de climatisation est réglementée par le Code de l’énergie. L’article R. 241-30 dispose que, sauf exception, « dans les locaux dans lesquels est installé un système de refroidissement, celui-ci ne doit être mis ou maintenu en fonctionnement que lorsque la température intérieure des locaux dépasse 26 °C ». Bien entendu, comme pour le chauffage, cette disposition n’est pas applicable à certains types de bâtiments, et même à certaines régions d’outre-mer (cf. R.241-31). Ainsi les systèmes de refroidissement ne doivent être mis en service que lorsque la température intérieure dépasse 26 °C. Il faudra de ce fait veiller à couper le système dès que la température redescend en dessous de ce seuil.

3. Dérogations prévues par la loi

Compte tenu des contraintes liées à certaines activités professionnelles, l’article R.241-28 et R.241-29 du Code de l’énergie fixent une liste exhaustive de locaux dans lesquels les limites de températures sont différentes.  

Les locaux énumérés à l'article R.241-28 du code de l'énergie sont les locaux où s'exercent des activités à caractère administratif, scientifique, sportif, artisanal, industriel, commercial ou agricole et ne recevant pas du public. Les limites de températures de chauffage de ces bâtiments varient selon l'utilisation qui en est faite. L'arrêté du 25 juillet 1977 relatif à la limitation de la température de chauffage dans ces locaux et les différentes températures limites de chauffage sont disponibles sur le lien suivant : Arrêté du 25 juillet 1977.

Quant aux bâtiments indiqués à l'article R.241-29 du code de l'énergie, ce sont les locaux et établissements sanitaires et hospitaliers et les logements où sont donnés des soins médicaux ou qui logent ou hébergent des personnes âgées ou des enfants en bas âge. L'arrêté du 25 juillet 1977 relatif à la limitation de la température de chauffage dans ces locaux impose une limite supérieure de chauffage moyenne à 22°C. La température de chauffage d'une pièce individuelle ne doit quant à elle pas dépasser 24°C.

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II - La température au travail : entre exigences légales et protection de la santé

1. Absence de seuil maximal, mais vigilance recommandée

Le code du travail impose que la température des locaux soit adaptée à l’organisme du corps humain. L’article R.4223-13 dudit code prévoit que : « les locaux fermés affectés au travail sont chauffés pendant la saison froide. Le chauffage fonctionne de manière à maintenir une température convenable et à ne donner lieu à aucune émanation délétère ». Ainsi, il pèse sur l’employeur une obligation de chauffer les bâtiments à une température convenable en vue de garantir le confort thermique de ses employés.

Par ailleurs le code du travail ne définit aucune limite de température maximale dans un bureau. Cependant en son article R.4222-1, il impose aux employeurs de veiller à renouveler de manière régulière l’air dans les locaux fermés où les salariés sont amenés à travailler et d’éviter les élévations exagérées de température sans donner de valeur. L’interprétation repose sur les recommandations en santé au travail et le bon sens pratique de prévention des risques.

2. Température convenable: références pratiques

La loi ne définit ni le sens exact de l’expression “température convenable”, ni la température précise à atteindre pour qu’elle puisse être considérée comme telle. De plus, aucun seuil strict n’a été formellement établi. Ainsi l’article R4223-13 du code du travail pose plusieurs difficultés d’interprétation, en ce qui concerne la notion de température convenable, renforcées par la crise énergétique et le plan de sobriété énergétique présenté par le gouvernement.

Cependant diverses sources permettent de déterminer les valeurs de température à retenir dans les différents types de locaux ( locaux à usage d’habitation, de logement, de bureau, etc.) selon les activités qui y sont exercées.  

La norme X 35-303 donne des précisions sur la notion de seuils des températures. Cette norme considère que les températures de confort thermique se situent entre :

  • 20 -22°C dans les bureaux
  • 16 – 18°C dans les ateliers avec une activités physique moyenne
  • 14 – 16°C dans les ateliers avec une activités physique soutenue

De son côté, l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS)  considère des seuils maximaux au-delà desquels travailler dans cet environnement peut constituer un risque ou un danger pour les travailleurs. Il estime dans sa brochure relative à la conception des lieux et des situations de travail (Voir tableau 5.4, p.86) que la température de l’air doit atteindre :

Durant la période hivernale

  • 21 - 23°C pour un travail mental statique
  • 18 - 19°C pour un travail manuel léger, assis ou debout
  • 17°C pour un travail manuel pénible, debout
  • 15 - 16°C pour un travail très pénible

Durant la période estivale

  • 23 – 26°C

Au-delà de 28°C pour un travail demandant une activité physique et 30°C pour une activité sédentaire, la chaleur représente un risque pour les salariés. Au-dessus de 33°C, cela est même considéré comme un véritable danger.

3. Sanctions en cas de non-respect

L’article R.241-29-1 du code de l’énergie dispose que : « les infractions aux dispositions des articles R. 241-25 à R. 241-29 sont punies de l'amende prévue par le 5° de l'article 131-13 du code pénal pour les contraventions de la cinquième classe qui peut être portée au double en cas de récidive». Ainsi le dépassement des limites de température de chauffage ou de refroidissement des bâtiments est sanctionné par l’amende prévue pour les contraventions de 5e classe, d’un montant de 1500 € pour les personnes physiques et de 7500 € pour les personnes morales.

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